Un peu de terminologie

La toupie est probablement l’un des outils de menuiserie les moins intuitifs à comprendre au premier abord.

D’abord, la terminologie n’est pas la même au Québec et en France. En France, la toupie désigne une machine-outil stationnaire tandis que le mot désigne un outil portatif au Québec : c’est sur le dernier cas que nous nous pencherons aujourd’hui.

Ce qu’on nomme «toupie» au Québec correspond simultanément à ce qui est nommé en France par les mots «affleureuse» et «défonceuse», car la distinction entre les deux n’est pas faite au Québec. La différence entre l’affleureuse et la défonceuse est surtout une question de taille, de puissance et de tâche de prédilection. L’affleureuse, que l’on pourrait nommer au Québec une petite toupie, est de moindre taille et puissance que la défonceuse et de ce fait, sera généralement utilisé pour des tâches plus légères que la défonceuse.

Une toupie Makita
Une toupie de marque Makita. Vu sa taille assez petite et sa force limitée, on l’appellerait une affleureuse en France.

Le principe d’utilisation est toutefois le même tant pour l’une que l’autre et les explications qui suivent seront valables dans tous les cas.

Un outil aux multiples usages

Bien que cela porte déjà à confusion, la principale raison pour laquelle la toupie est un outil difficile à comprendre n’est pas cette dernière d’après moi. C’est plutôt parce qu’on ne peut résumer la fonction de la toupie en une phrase simple : ses multiples usages peuvent dérouter l’utilisateur.

Une toupie peut en effet être utilisée pour réaliser des contours décoratifs, pour rainurer, couper, ou dresser du bois, pour faire des joints comme des queues droites ou un assemblage tenon et mortaise, pour copier une forme, pour graver des lettrages, et cette liste n’est pas exhaustive.

Ainsi, pour comprendre ce qu’est une toupie, je crois que plutôt de tout de suite essayer de comprendre l’outil par ses fonctionnalités, il est préférable de s’attarder d’abord sur l’outil lui-même en se concentrant sur trois points principaux : son moteur, les mèches à toupie, dont l’outil a besoin pour fonctionner, et les bases qu’il utilise.

Par la suite, on pourra enchaîner avec un exemple d’utilisation d’une toupie pour réaliser un contour décoratif (plus bas dans cet article) pour permettre de mieux comprendre comment fonctionne une toupie.

Le moteur d'une toupie, une base plongeante avec une mèche en avant d'elle et une base fixe
De gauche à droite le moteur d’une toupie, une base plongeante avec une mèche à l’avant de celle-ci et une base fixe

Le moteur

Le moteur compte pour la plus grande partie de la masse de la toupie. Ce moteur a pour fonction d’entraîner en un mouvement de rotation une mèche à toupie fixée dans un collet situé au bas du moteur, un peu comme dans le cas d’une perceuse ou, plus similaire encore, d’un outil rotatif comme ceux de type Dremel. Cette rotation est très rapide, se chiffrant souvent dans les environs de 20 000 tours par minute et même plus. C’est tout ce qu’il y a à savoir sur le moteur pour comprendre le fonctionnement de l’outil.

Un moteur de toupie Makita
Un moteur de toupie Makita


Les mèches à toupie

Les mèches à toupie sont de formes très diverses et leurs fonctionnalités sont multiples, mais dans leur essence elles servent toutes à creuser dans le bois d’une manière particulière à chacune. Elles peuvent être divisées en deux catégories : les mèches avec roulement à billes et sans roulement à billes.

Le roulement à billes des mèches qui en possèdent est conçu pour rouler sur le rebord d’une planche et permettre ainsi à la mèche de suivre son contour. Une autre partie de la mèche équipée de lames et dont le diamètre est souvent plus grand, mais pas toujours, coupe alors une autre partie du contour de la planche, selon le résultat voulu. C’est ainsi qu’on arrive, par exemple, à réaliser des contours décoratifs à la toupie.

Une mèche de contour décoratif
Une mèche de contour décoratif (remarquez le petit roulement à billes dans le bas de la mèche)

Les mèches sans roulement à billes sont quant à elles souvent guidées dans leur coupe plutôt au niveau de la base de l’outil à l’aide de guides divers et de gabarits de toute sorte (ou encore au niveau d’une table à toupie, qui sera peut-être le sujet d’un prochain article). Elles peuvent aussi dans certains cas être utilisées sans guide pour effectuer la gravure des lettrages d’un cadre, par exemple.

Une mèche de toupie droite
Une mèche droite

Les bases

Les bases, finalement, servent tout simplement de socle au moteur équipé d’une mèche pour pouvoir glisser l’outil sur le bois en le gardant toujours à 90 degrés par rapport à la pièce à travailler (il existe toutefois des bases faisant des angles variés, mais elles sont beaucoup moins utilisées). Ces bases permettent aussi de régler la profondeur de coupe de la mèche par rapport à la pièce à travailler.

Une base fixe (à gauche) et une base plongeante (à droite) avec le moteur de la toupie à l'arrière
Une base fixe (à gauche) et une base plongeante (à droite) avec le moteur de la toupie à l’arrière

Les deux principaux types de bases de toupie sont la base fixe et la base plongeante.

Pour utiliser une base fixe, on règle la profondeur de coupe avant de commencer à travailler le bois et cette profondeur restera constante tout au long de la tâche à effectuer.

Une toupie avec une base fixe
Une toupie avec une base fixe

La base plongeante est un peu différente. Elle possède deux pistons qui font en sorte que l’on peut descendre ou remonter la mèche pendant la coupe en modifiant la pression exercée vers le bas par les mains de l’utilisateur sur les poignées de la base. On peut cependant régler une butée sur cette base pour ne pas dépasser la profondeur de coupe maximale souhaitée. De même, on peut souvent coincer l’outil à une profondeur voulue avant ou pendant la coupe à l’aide d’un levier situé sur la base plongeante.

Toupie avec une base plongeante
Une toupie avec une base plongeante

C’est grâce à la base plongeante que l’on peut s’atteler, par exemple, à la tâche délicate de graver des lettrages à main levée, c’est-à-dire sans guide (des gabarits peuvent par contre aider à réaliser cette tâche). C’est aussi la base plongeante qui permet de creuser une mortaise au milieu d’une planche.


Exemple d’utilisation : réaliser un contour décoratif à la toupie

Moteur de toupie avec mèche de doucine romaine installée
Pour réaliser un contour décoratif à l’aide d’une toupie, une mèche appropriée est choisie et installée dans le collet de l’outil à l’aide de clés fournies avec l’outil. Ici, la mèche installée est une doucine romaine.
Moteur de toupie installé dans une base plongeante
Ensuite, le moteur est inséré dans la base de la toupie et fixé en place à l’aide d’un levier prévu à cet effet.
Mèche de toupie réglée à la profondeur voulue
Cela fait, on règle la mèche de contour décoratif à la profondeur de coupe voulue en descendant le moteur par rapport à la base et en utilisant un autre levier qui permet de coincer la base à la position voulue.
Réglage de vitesse d'une toupie
On peut ensuite régler la vitesse de la toupie si elle est dotée d’un contrôle électronique de la vitesse. Pour cette tâche, je règle la vitesse au maximum sur ma toupie.

Enfin, après avoir mis les protections auditives, visuelles et respiratoires appropriées, on peut commencer à entamer le bois pour réaliser le contour décoratif en gardant la base bien appuyée sur la pièce à travailler et en faisant suivre au roulement à billes de la mèche le contour de la planche de bois. Il faut pour cela déplacer la toupie à la bonne vitesse dans le sens antihoraire (sens horaire quand on suit le contour intérieur d’une ouverture dans le bois). Il est aussi nécessaire lors de cette opération de respecter certains principes, comme le fait de procéder en plusieurs passes plutôt que d’essayer d’enlever trop de matière à la fois en réglant la mèche trop profondément. Un prochain article pourrait décrire plus en détail comment on peut utiliser une toupie.

Planche de noyer ayant un contour décoratif
Dans ce cas, j’ai réalisé un contour décoratif dans une petite section de planche de noyer noir.
Sculpture d'écureuil avec base
Cette planche a été utilisée comme base pour une sculpture d’écureuil.

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Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme; elles se renouvellent chaque matin. Lamentations 3 : 22-23

Pourquoi ces versets?