Le tour à bois est un outil fort particulier qui a une fonction unique en son genre, du moins en menuiserie (il existe aussi des tours à métal, par exemple) : celle de tourner le bois pour réaliser des formes cylindriques, coniques, circulaires, concaves et convexes et des objets combinant deux ou plusieurs de ces formes.
Plus concrètement, on peut réaliser avec un tour à bois des pattes de table ou de chaise tournées, des barreaux de rampe d’escalier, des bols ou des vases, des sections de stylos, des boules de Noël, des jouets comme des toupies et ainsi de suite.

Cet article se veut une explication de ce qu’est un tour à bois, de la manière dont on l’utilise et des composants dont il est fait. Nous nous pencherons sur :
Le fonctionnement d’un tour à bois
Le principe de base du fonctionnement d’un tour à bois est relativement simple : tandis que l’outil transmet à une pièce de bois un mouvement de rotation sur elle-même, l’utilisateur avance le tranchant de divers ciseaux à bois conçus spécialement pour le tour à bois (on les nomme outils de tournage) dans cette pièce de bois pour enlever de la matière et former l’objet voulu.

Le bois tourne vers le tranchant de l’outil de tournage et non en s’éloignant de ce tranchant; cet outil ne ferait alors généralement que «flatter» le bois et n’enlèverait pas de matière. Une autre manière d’expliquer le sens de rotation est de dire que le haut de la pièce de bois tourne vers l’utilisateur. Sur certains tours, il est toutefois parfois possible d’inverser le sens de rotation, ce qui peut être pratique pour le tournage de bols et le sablage (on peut effectivement sabler le bois tourné directement sur le tour).

Le banc du tour et quelques considérations générales
Le tour à bois possède plusieurs composants que nous étudierons dans la suite de cet article.

Commençons par la partie nommée le banc. Il sert de base au tour à bois et sert aussi d’appui pour les autres composants du tour, à la possible exception du moteur qui parfois n’est pas fixé au reste du tour, mais qui est plutôt monté ailleurs de manière indépendante, par exemple sur un établi. Le moteur fait alors fonctionner le tour à l’aide d’une longue courroie. Ce type de système se rencontre généralement sur des tours plus anciens.
Sur les petits modèles récents de tours, le moteur est souvent monté sous le banc pour que l’outil ne prenne pas trop de place, tandis que sur les plus gros tours récents le moteur est généralement fixé sur la gauche d’une partie du tour que l’on nomme la poupée fixe. Nous nous pencherons sur cette pièce un peu plus loin.
C’est surtout la longueur du banc qui dicte la longueur maximale de la pièce de bois à tourner embarquée sur le tour entre deux accessoires que l’on nomme la pointe et la contre-pointe (la pointe est entraînée par le moteur tandis que la contre-pointe tourne librement). On nomme cette grandeur maximale l’entre-pointe maximale. D’autres variables viennent toutefois aussi en considération, comme les accessoires utilisés qui peuvent réduire cette grandeur une fois installés.

Si on enlevait la poupée mobile du tour il n’y aurait techniquement pas de limite à la longueur de bois que l’on tourne, mais ce serait concrètement fort peu pratique de procéder ainsi; les longues pièces doivent souvent être supportées à leurs deux extrémités.
Il existe divers formats de tours à bois que l’on peut classer selon différentes catégories. Bien que ces catégories puissent être établies selon différents critères, qu’elles puissent varier d’une source à l’autre et que leur nombre soit arbitraire dans une certaine mesure, les tours sont souvent subdivisés en trois genres que nous retiendrons ici.
Le tour mini
En ordre croissant de grandeur vient premièrement le mini-tour ou tour mini. Son entre-pointe maximale tourne autour de 10 à 18 pouces (1 pouce équivaut à 2,54 cm). Le diamètre maximal des objets tournés sur ce type de tour, qui est déterminé par la hauteur des pointes par rapport au banc et correspond au double de cette hauteur, varie quant à lui de 8 à 10 pouces environ. Notez que pour bien des utilisateurs, le fait d’avoir un grand diamètre maximal des objets tourné sera encore plus important que d’avoir une grande entre-pointe.
Le tour mini convient aux tourneurs débutants ou à ceux qui se cantonnent au tournage de petits objets. C’est le type de tour que je possède, entre autres car la taille très modeste de mon atelier limite mes options. Il serait par exemple impensable d’y loger un gros modèle de tour. Cela me convient puisque le format de mon atelier ne convient que pour la fabrication d’objets de taille modeste comme des sculptures et des décorations murales. Des considérations budgétaires ne sont pas non plus étrangères à mon choix. Des préoccupations de ce genre dicteront peut-être pour vous aussi le genre de tour que vous choisirez.

Le tour midi
Vient ensuite le tour midi, qui est le format médian de tour à bois. Il pourra généralement tourner des pièces de 12 pouces de diamètre, parfois 14. Son entre-pointe maximale peut varier entre 14 et 24 pouces environ. Des extensions peuvent cependant être achetées séparément pour certains modèles de tour midi, leur permettant d’avoir une entre-pointe égalant celle d’un tour à bois d’atelier. Il peut être tout à fait pertinent de s’enquérir pour savoir si une extension de ce type est offerte pour un tour donné, car même si on ne désire pas en acquérir une immédiatement, il pourrait éventuellement être utile de le faire.
Souvent, un tour midi aura plus de fonctionnalités qu’un tour mini. Il pourrait par exemple être équipé d’un contrôle électronique de la vitesse et d’un compteur de tours par minute.
Le tour à bois d’atelier
Le tour à bois d’atelier est le plus grand format de tour à bois. Ils a généralement une entre-pointe maximale de 32 à 45 pouces, mais parfois cette entre-pointe est encore plus longue. Ce type de tour a généralement la capacité de tourner des pièces de diamètre assez important comme 16 à 20 pouces, parfois plus.
Ces tours sont vendus avec des pattes métalliques, contrairement aux tours mini et midi, auxquels il faudra acheter des pattes séparément si on veut les en pourvoir lorsqu’elles sont fabriquées pour un modèle donné. Sinon, on boulonne généralement le tour à un d’établi, ce pour quoi il est parfois nommé tour d’établi, par opposition aux tours d’atelier dont les pattes reposent sur le plancher de l’atelier.Les tours d’atelier sont généralement ceux qui viennent avec le plus de fonctionnalités. Ils sont aussi, bien sûr, les plus chers à l’achat.
Les poupées
Presque tous les tours possèdent deux poupées. À de rares exceptions près, l’une d’elles est située sur la gauche du tour et se nomme la poupée fixe, tandis que l’autre, située plus à droite, se nomme la poupée mobile. Les poupées sont des pièces cruciales du tour à bois qui permettent de recevoir divers accessoires, qui à leur tour permettront de monter le bois sur le tour (voir la section suivante de cet article sur la broche). Elles ont aussi d’autres fonctions :
Sur la poupée fixe se trouvent souvent l’interrupteur et le moteur. Par contre, ils sont parfois respectivement sur et sous le banc, surtout dans le cas des petits tours). Généralement, on trouve aussi sur la poupée fixe des poulies et une courroie permettant le changement de vitesse.
Des fonctionnalités supplémentaires sont parfois présentes sur la poupée fixe d’un tour ou parfois ailleurs, spécialement sur les modèles qui tendent à être plus grands et plus chers. Par exemple, les tours peuvent être pourvus d’un bouton de réglage de la vitesse électronique, d’un compteur de tours par minute, d’un bouton permettant d’inverser le sens de rotation du moteur et d’un plateau d’indexation permettant de bloquer la pièce à tourner dans une position précise. Cette dernière fonctionnalité peut être utile pour, par exemple, percer précisément le bois monté sur le tour à l’aide d’un gabarit.
Aussi, certains tours sont dotés d’un mécanisme permettant de déplacer la poupée fixe (ce qui effectivement rend son nom quelque peu inadéquat).

Cette dernière fonction peut servir, par exemple, à déplacer la poupée fixe complètement vers la droite après avoir enlevé la poupée mobile pour pouvoir tourner des pièces de très grand diamètre sans que celles-ci ne soient limitées par la hauteur de la poupée par rapport au banc. Il faudra cependant pour ce faire acheter des accessoires supplémentaires.
Une caractéristique importante des poupées est la hauteur à laquelle on peut mettre en place les pointes ou les autres accessoires par rapport au banc, car, comme nous nous avons déjà fait brièvement mention, c’est cette hauteur qui détermine le diamètre maximal des pièces que l’on peut tourner. Rappelons que cette mesure risque fort de s’avérer plus importante encore que celle de la longueur maximale de la pièce que l’on peut tourner entre-pointes.
La poupée mobile peut, comme son nom l’indique, se déplacer. Elle peut aussi être coincée en place à une position voulue sur le banc. La poupée mobile peut recevoir, entre autres, la contre-pointe. Elle est aussi dotée d’un volant qui lorsqu’on le tourne permet de faire avancer ou reculer la contre-pointe ou tout autre accessoire inséré dans l’emmanchement de la poupée mobile.

Cette fonction est cruciale et présente sur pratiquement tous les tours, car elle est pour ainsi dire nécessaire pour tourner du bois entre-pointes. On pourrait faire sans à la rigueur, mais ce serait très malcommode.
La distance maximale de déplacement de la contre-pointe (soit la course) varie généralement en fonction de la grandeur du tour. Un tour mini pourrait par exemple avoir une course d’un pouce et demi ou deux et un tour midi de deux ou trois, tandis qu’un tour d’atelier aura typiquement une course de quatre pouces.
La broche (ou nez de broche)
La broche se trouve sur la poupée fixe. Il s’agit d’un petit composant par rapport à la taille totale d’un tour. Néanmoins, la broche est absolument nécessaire, car il s’agit de la partie mobile du tour pourvue de filets sur laquelle une grande partie des accessoires permettant de monter le bois sur le tour viendront pour la plupart se visser dessus, ou être insérés à l’intérieur dans le cas de la pointe d’entraînement par exemple.
En effet, la broche est aussi pourvue d’une ouverture formée de manière à recevoir la partie mâle d’un cône d’emmanchement, dont est justement pourvue la pointe d’entraînement.

La poupée mobile a aussi une ouverture du même type : c’est dans cette dernière que l’on insère la contre-pointe, ou d’autres accessoires comme un mandrin de perçage.
Le moteur
L’une des principales variables à considérer lorsqu’on compare les moteurs de tour pour en choisir un est la force de ce moteur. Les tours peuvent avoir des moteurs allant jusqu’à 2 ou 3 hp, voire même 5 hp dans de rares cas (hp est l’abréviation de horsepower en anglais qu’on utilise pour nommer le cheval-vapeur britannique) et il peut effectivement être pratique, voire nécessaire, d’avoir un moteur d’une force substantielle.
Néanmoins, mon petit tour a une force de 1/3 hp et cela me convient tout à fait, puisque je réalise principalement de petits objets décoratifs sur mon tour. Ce ne fera toutefois pas nécessairement suffisant si on désire tourner de grands bols efficacement par exemple. Même pour l’usage que j’en fais, le moteur tend parfois à s’immobiliser quand j’applique un peu trop de pression avec les outils de tournage sur les sections des pièces à tourner ayant le plus grand diamètre.

Si ce n’est pas du tout un problème important pour moi, plusieurs préféreront toutefois avoir un meilleur couple développé par le moteur, spécialement à basse vitesse. Le fait pour un tour d’avoir un bon couple à basse vitesse peut représenter un avantage très significatif.
Les tours mini ont généralement une force se situant entre 1/3 et 3/4 de hp. Un tour midi possède quant à lui environ 1 hp. Un tour d’atelier a souvent dans les environs de 1 1/2 hp ou 2 hp, mais parfois plus encore.
Un autre facteur à prendre en considération est la plage de vitesse que le moteur permet d’obtenir; plus cette plage est grande, plus la polyvalence du tour est grande et plus ce dernier est efficace pour certaines opérations. Je suis satisfait de la plage de vitesse de mon tour, allant de 500 à 3500 tours par minute, mais certains préféreront pouvoir aller à des vitesses beaucoup plus basses, comme dans les environs de 50 tours par minute pour pouvoir faire de la finition directement sur le tour (on ne tourne pas vraiment à une vitesse si basse). D’autres préféreront aussi avoir une vitesse maximale plus élevée.
Le contrôle de la vitesse d’un tour à bois
Un critère qui peut se révéler tout aussi important que la force du moteur ou sa plage de vitesses est dans bien des cas le type de contrôle de vitesse d’un tour à bois, qui peut être manuel ou électronique.
En effet, on doit varier la vitesse du tour assez fréquemment lorsque l’on tourne du bois. Par exemple, lorsque l’on place dans le tour une pièce de bois ayant quatre côtés à angles droits, il convient de faire le début du dégrossissage à très basse vitesse, d’augmenter la vitesse lorsque la forme est cylindrique ou près de l’être et dans certains cas on pourra par la suite augmenter encore la vitesse dans certains cas. La vitesse peut être modifiée aussi souvent que l’utilisateur le juge nécessaire.

Pour contrôler la vitesse du tour, il existe trois méthodes principalement utilisées qui dépendent de la manière dont le tour a été conçu.
La méthode la plus ancienne et la moins commode à mon avis est de varier la vitesse uniquement à l’aide d’un système de courroie et de poulies. Il faut alors embarquer manuellement la courroie sur des poulies spécifiques pour atteindre une vitesse donnée sur un tour à bois. Ces tours ont typiquement 5 ou 6 vitesses.
Personnellement, je préfère les tours dotés d’un contrôle électronique de la vitesse. Le tour aura alors typiquement encore deux ou trois poulies pour passer d’une vitesse lente à moyenne à rapide ou plus simplement encore d’une vitesse lente à rapide. On aura aussi cependant l’option de n’avoir qu’à tourner un bouton ou déplacer un levier pour ajuster électroniquement la vitesse dans une plage donnée selon la poulie sur laquelle la courroie est embarquée. Ce genre de contrôle est très facile à utiliser et permet de mieux contrôler la vitesse d’un tour.
Il existe même des tours dont la vitesse n’est modifiée que par un contrôle de vitesse électronique et aucune poulie à changer de place. C’est le cas de mon tour mini. Je trouve ce système très commode, mais il n’est toutefois pas commun.

Le support d’outil
Les tours à bois possèdent un support d’outil, composant essentiel pour tous les travaux de tournage. En effet, il ne serait ni sécuritaire ni efficace d’avancer directement un outil de tournage dans une pièce de bois en mouvement sans autre support que celui de ses mains; l’outil de tournage serait alors pour ainsi dire impossible à contrôler.
Pour tourner, on appuie donc l’outil de tournage sur le support d’outil avant d’avancer son tranchant dans le bois.

Le support d’outil repose sur une pièce nommée la semelle (on l’appelle parfois «banjo», emprunt du terme anglais utilisé pour désigner ce composant) qui peut se déplacer horizontalement sur le tour et être bloquée en place par un levier. La hauteur du support d’outil peut aussi être réglée et fixée par un autre levier situé vers le haut de la semelle. L’angle du support d’outil peut aussi être modifié, puis fixé en place par ces deux leviers.

On place généralement le support d’outil grosso modo le plus près possible de la pièce à tourner sans que cette dernière ne vienne cogner sur le support lorsqu’elle est en mouvement, mais aussi sans que l’outil de tournage ne repose sur l’angle de son tranchant. L’outil de tournage doit reposer sur sa partie non biseautée; sinon, le support est trop près.
Après avoir positionné le support, il faut faire faire à la pièce de bois au moins une révolution complète à la main pour s’assurer qu’elle ne sera pas bloquée par le support d’outil.
Il faudra de temps à autre rapprocher le support d’outil au fur et à mesure que de la matière est enlevée ou le déplacer en fonction de la section de la pièce travaillée. Si le support d’outil est trop loin, cela créera souvent de la vibration, qui pourrait à son tour causer des marques d’outils indésirables sur la pièce tournée.
Pour ce qui est de la hauteur du support d’outil, il faut le plus souvent la régler de manière à ce que le tranchant de l’outil touche le centre de la pièce à travailler. En fonction de l’outil utilisé et de l’angle avec lequel on tient l’outil, il faudra parfois régler le support d’outil plus ou moins haut.

Il est possible d’acheter des supports d’outil supplémentaires pour son tour. Ils viennent dans une variété de grandeurs et de formes destinées à des besoins de tournages différents. Il faut dans ce cas s’assurer d’acheter un support d’outil dont la base sera compatible avec l’ouverture de la semelle. En Amérique du Nord, les tours mini seront typiquement compatibles avec une base de support d’outil de 5/8 de pouce tandis que les tours midi récents et les tours d’atelier seront généralement compatibles avec une base de support d’outil de 1 pouce. Les modèles plus anciens de tours midi seront peut-être quant à eux compatibles avec une base de 5/8 de pouce.
Car l’Éternel Dieu est un soleil et un bouclier, L’Éternel donne la grâce et la gloire, Il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité. Psaume 84 : 12